L ‘”autel de Mérode”, ainsi nommé d’après la famille qui le possédait depuis longtemps, a d’abord été attribué à Roger van der Weyden, puis au maître de Flemal, qui a ensuite été identifié à Robert Kampen. L’œuvre montre les caractéristiques de l’art de la fin du Moyen Âge – des couleurs vives, une certaine conventionnalité de l’image et un espace partiellement aplati, mais elle appartient déjà à la Renaissance: les personnages divins, bien que séparés des gens, sont placés à côté d’eux, et la Vierge Marie, l’archange Gabriel et Joseph ne semblent pas moins réaliste que les donateurs dans la cuspide gauche. Mais l’essentiel – avec de petites tailles, le triptyque donne l’impression d’un grand. On sent l’esprit majestueux qui distinguait les tableaux des maîtres de la Renaissance.
Le triptyque regorge de détails qui sont remarquables en eux-mêmes: des chandeliers en fer forgé, une ceinture à motifs de l’archange, et des gens à l’extérieur de la fenêtre ouverte dans le paysage urbain, non seulement dans la rue, mais aussi dans la boutique, où les silhouettes sont visibles dans les portes sombres. De nombreux détails sont donc écrits si soigneusement que la plupart d’entre eux sont dotés d’une signification particulière. Par exemple, des lys blancs dans une cruche symbolisent la pureté de la Vierge Marie, un livre ouvert sur la table est sa sagesse, un lavabo est l’eau du baptême, une bougie est la lumière que le Christ apporte au monde.
Les pièges à souris sur la table et à l’extérieur, fixés par Joseph, font référence aux paroles de saint Augustin selon lesquelles “la croix du Seigneur est un piège à souris pour le diable”. Si vous examinez attentivement l’autel, vous pouvez voir comment, depuis la fenêtre ronde à gauche, vole vers Marie une minuscule figure de l’enfant Christ portant la croix. Ce court triptyque résume toute l’histoire du Nouveau Testament.