L’incendie des dépôts de pétrole du 28 novembre 1789 dans le ghetto vénitien est un autre signe d’alarme qui préfigure le coucher du soleil de la grande ville. L’artiste de soixante-dix-huit ans, malgré son malaise, a néanmoins réalisé des croquis en nature. L’un d’eux, situé aujourd’hui au New York Metropolitan Museum of Art, a servi de base à la peinture “Incendie dans le quartier de San Marquola”. Les flammes qui se sont propagées aux maisons adjacentes aux entrepôts ont mis en évidence les murs et les toits sur lesquels les pompiers ont héroïquement tenté de lui résister.
Le premier plan est presque entièrement horizontal, indiqué par le dos des spectateurs et des sympathisants. Une palette chaude de nuances de couleurs rougeâtres et dorées a éclaté dans la saveur crépusculaire, transmettant ainsi la chaleur d’un feu monstrueux de manière si tangible. Le pinceau dynamique de Guardi avec un coup de pinceau vivant, transférant sur la toile les rafales erratiques du mur de flammes, devient vraiment libre, impétueux.
L’artiste n’essaie pas de tirer le feu, il en transmet l’essence destructrice et dévorante. Une telle incarnation de la fureur ardente, les expériences dans le domaine de la couleur ne se rencontreront qu’après plusieurs décennies dans l’œuvre du romantique anglais William Turner. Les leçons des Vénitiens deviendront largement la base pour les artistes qui privilégient la couleur dans le système de recherches de peinture.