Tout au long des années 40, Rembrandt aborde à plusieurs reprises le thème de la sainte famille. L’une des meilleures solutions à ce sujet est le tableau de l’Ermitage “La Sainte Famille”, créé par l’artiste en 1645. La scène gospel donne au spectateur de nombreuses associations avec la vie populaire quotidienne, le Rembrandt moderne. Le silence, la paix ne sont brisés que par les sons familiers de la vie à la maison. Des grésillements de bois de chauffage brûlent, un léger bruit monotone d’une hache de menuiserie se fait entendre.
La pièce est enveloppée d’un doux crépuscule; la lumière s’écoule doucement de différentes sources, glissant avec anxiété sur le visage de Marie, illuminant le berceau, donnant à l’image une touche de spiritualité. L’enfant bougeait légèrement dans son sommeil, et la femme, obéissant à l’instinct maternel subtil, s’éloignait de la lecture, soulevait la verrière et regardait le bébé avec inquiétude. Elle est pure sensibilité, pure vigilance. En substance, la grande humanité et la pénétration de l’image ne sont créées que par l’un de ses regards.
L’élévation lumineuse du moment capturé se reflète également dans le fait que les anges descendent tranquillement vers la mère et le garçon. Dans cette œuvre, l’artiste semble avoir quelque chose en commun avec les maîtres du genre domestique néerlandais. Mais contrairement à eux, pas le confort tranquille de la vie quotidienne excite Rembrant en premier lieu, mais la grande beauté des relations humaines simples. En observant la femme assise au berceau de son fils, il lui suffisait de voir un seul mouvement tremblant, un petit tour de tête, un regard inquiet pour ressentir la poésie du sentiment maternel.