Dîner – Leon Bakst

Dîner   Leon Bakst

L’image “Dîner”, surnommée dans le contraste ludique de la “Fille aux pêches” serovienne “La Dame aux oranges”, est l’une des peintures les plus populaires de Bakst. D’une part, cette grande toile appartient au genre du “portrait d’un étranger”, très répandu dans l’art russe de la fin du XIXe – début du XXe siècle. D’autre part, l’œuvre se distingue par un certain nombre de caractéristiques qui la rendent différente des portraits de salon de beautés sans nom. L’artiste crée une image proche du type spécifique de “vampire féminine” répandue dans le modernisme européen, qui a eu une grande influence sur le cinéma et la littérature de l’époque.

“Un chat en robe de femme est assis à la table; son museau est sous la forme d’une plaque ronde dans une coiffure à cornes; les pattes maigres dans les manches des femmes sont étendues à la table, mais elle détourne le regard, comme si les plats préparés devant elle n’étaient pas à son goût, mais elle a besoin de voler autre chose sur le côté; sa taille, tout l’entrepôt et la silhouette sont félins, tout aussi méchants que la croupe anglaise et le monstre Beardsley. Une chose insupportable! ” – V. V. Stasov a écrit avec mépris. Et sur un ton complètement différent, légèrement ironique, mais non sans admiration, – V. V. Rozanov: “Élégante décadente fin de siècle noir et blanc, mince comme une hermine, avec un mystérieux sourire, à la Gioconda, mange des oranges.”

Le motif de l’intrigue d’une figure solitaire à l’intérieur d’un café ou d’un restaurant, la fragmentation de la composition sont suggérés par les peintures des impressionnistes, mais Bakst ne se limite pas à fixer l’impression de la nature, il la transforme. Transformant les contours d’une figure et d’objets féminins, les soumettant à un rythme unique, l’artiste compare le modèle à une certaine plante exotique, couronnée d’un chapeau de fleur géant, et en fait une partie du motif ornemental.

La toile est construite sur le jeu de l’espace et de la ligne. Augmentant progressivement d’en bas et de gauche à droite, le rythme des plans blanc et bleu organise en profondeur le mouvement diagonal. Sa dynamique est soutenue par les bords ondulés de la nappe, coupant avec le train de la robe, puis avec les courbes de la figure féminine.

Dans le même temps, la verticale de la silhouette arrête ce mouvement: un train ovale sur le sol bleu lilas, des silhouettes brun-noir de mains “serpentines” sur un tableau blanc et, enfin, un chapeau sur un fond de mur gris bleuâtre sont projetés dans un seul plan. Des traits fluides se répandent en larges ruisseaux sur la toile, généralisant et aplatissant la forme en un point d’application. Le pittoresque se transforme en graphique, ce qui permet de comparer la toile de chevalet de Bakst avec les affiches de Toulouse-Lautrec et Steinlin.

En choisissant l’épouse d’Alexander Benois Anna Karlovna comme prototype externe de l’héroïne, l’artiste dans ce cas ne pose pas de tâches de portrait. Réalisant tout le look du modèle – un visage, une figure dans une longue robe en velours avec un train – Bakst crée une image fantomatique et à la fois sensuelle d’un “étranger de restaurant”, à la fois attrayant et vicieux, caractéristique de son époque.

Son visage, brillant comme de la porcelaine, est resté non écrit, Bakst n’a décrit que ses graphiques clairs au-dessus de la préparation d’huile: yeux en amande, nez fin, “faucille” tranchante inversée de lèvres écarlates. Et le point ici n’est pas dans la hâte avant l’ouverture de l’exposition, et pas même dans la “brillante négligence”, mais dans la combinaison de la réalité et de la conventionnalité obtenue par une combinaison de diverses techniques et techniques modernes.

1 Star2 Stars3 Stars4 Stars5 Stars (No Ratings Yet)