En septembre 1901, Gauguin quitte Tahiti et s’installe sur les îles Marquises. La raison de cette évasion n’est toujours pas claire: alors que les fans de Gauguin suggèrent que l’artiste cherchait de nouveaux paysages pour ses peintures, la plupart des historiens mentionnent que son état de santé était très mauvais pendant cette période, et ils notent le fait que l’artiste, qui jouissait auparavant d’une grande popularité auprès des filles tahitiennes, a dû s’abstenir de relations sexuelles au cours de ces années.
Mais quelle que soit la raison du déménagement, Gauguin s’est installé sur Khiva Oa, la plus grande île de l’archipel des Marquises, sur un terrain appartenant à l’Église catholique. A la veille de son départ, l’artiste a réalisé un magnifique tableau qui est devenu une sorte d’adieu à Tahiti – “Idylle à Tahiti”.
L’image d’une femme continue d’occuper une place cruciale dans le thème artistique de Gauguin. Dans “Tales of the Aborigines”, l’artiste fait à nouveau l’éloge de la beauté de la Polynésie, représentant deux belles filles posant sur fond de paysage exotique. Derrière eux, Gauguin a placé une image de son ami Meyer de Gann, un poète parisien. Il était assez inhabituel que l’artiste ait peint un occidental à l’image d’un démon aux yeux de chat et aux griffes acérées.
Et pourtant, Gauguin commence maintenant à ressentir l’approche de la mort: sa santé se détériore chaque jour, et l’artiste subit une tentation insurmontable – pour la première fois depuis de nombreuses années – de retourner en Europe. Mais, malgré tout cela, il a encore assez de force pour peindre. Les œuvres des dernières années de sa vie sont remplies de métaphores de la mort. Cela est particulièrement évident dans son dernier chef-d’œuvre – le tableau “Riders on the Coast”, écrit en deux versions. Dans l’esprit de Degas, Gauguin dépeint des cavaliers sur la côte, qui semble sans fin.
L’image entière est imprégnée d’un sentiment de tristesse, d’adieu, de pressentiment de sa propre mort. Les cavaliers s’approchent calmement de la mer, où des vagues impitoyables tracent la ligne entre la terre et l’eau – ou entre la vie et la mort – et d’où deux esprits mystérieux apparaissent, vêtus de robes brillantes qui devraient probablement accompagner les vivants lors de leur dernier voyage – un voyage vers la mort. Les couleurs magnifiques, la luminosité et la jutosité de cette œuvre sont en quelque sorte la volonté de Gauguin et de son dernier hymne enthousiaste à la vie en Polynésie. Le 8 mai 1903, déchiré par de nombreux problèmes financiers et juridiques et des problèmes de santé, Gauguin décède. Des légendes disent que l’aborigène, qui a rapporté la mort de l’artiste, a crié: “Gauguin est mort! Il n’y a pas de paradis ici!”