La toile intitulée “Au café” fait référence aux œuvres les plus célèbres et les plus importantes de Caillebotte. L’écrivain Joris Karl Güismans admire le naturel de l’image, dans laquelle il est difficile de remarquer “une intention ou un arrangement”.
En effet, la magnifique transmission de l’instant est l’une des forces de ce travail. Le regard pensif et absent d’un homme debout, sa pose libre, presque bâclée, deux personnages en arrière-plan sont étonnamment bien véhiculés. Caillebotte, brouillant une fois de plus les frontières entre la scène de genre et le portrait, dépeint un citadin parisien typique de cette époque. Pas étonnant que sa peinture soit comparée à la littérature française réaliste du XIXe siècle, et surtout aux travaux de Zola et Huysmans.
Concevant l’espace compositionnel de cette image, Caillebotte repose sur un double jeu de miroirs. Un cadre contient trois images, trois champs de vision différents. Le premier est la figure d’un homme au premier plan. Le miroir derrière lui “fait référence” à la deuxième image – les hommes assis à la table, ainsi qu’à un autre miroir dans lequel nous voyons la troisième image – un reflet des portes vitrées du café donnant sur la rue.
L’artiste propose au spectateur une sorte de jeu, à la fois mental et visuel. A Caillebotte, la composition est inhabituellement complexe, et la disposition exacte des figures est le résultat d’une préparation préalable très approfondie. Dans ce contexte, la préservation du caractère naturel de la scène témoigne de la grande habileté de l’artiste.
Kirk Varnedo écrit que “les changements dans le travail de Caillebotte et en général les spécificités de l’évolution de son travail reflètent les changements dans l’attitude de l’artiste envers le monde, ainsi que son dialogue interne entre l’œil et la pensée. L’étude en cours de la dualité de la perception visuelle prouve une profonde conscience de la différence entre la réalité perçue par les sentiments, et la réalité perçue par l’esprit. On peut dire que la dichotomie observée dans l’œuvre de Cabotte correspond à ses réflexions profondes sur les différences entre le chaos impressions externes avec leur dispersion et leur fragmentation et la tendance de l’esprit à rationaliser et à structurer. “