Comme dans de nombreuses autres toiles dédicaces de la Renaissance italienne, ici le Tintoret combine traditionnellement une intrigue sacrée avec des portraits de vraies personnes qui étaient les clients de la peinture. Ce sont les trésoriers de la république – Michele Pisani, Lorenzo Dolphin et Marino Malipiero.
Sous leurs armoiries, fusionnées en un seul champ dans le coin gauche, se trouve la devise latine: “unanimas concordiale simbolus”, et la date-1566, significative pour Tintoret. Cette année, il a été admis à l’Académie florentine de dessin avec d’autres Vénitiens – Titien, Palladio, Sansovino et Salviati.
On pense que l’œuvre elle-même a été écrite un peu plus tard, et à ce moment-là, le service de Malipiero représenté était déjà terminé. Trois hommes d’État de Venise, dotés d’une autorité financière, d’une honnêteté irréprochable dans l’exercice de leurs fonctions responsables, dans leur culte de Marie et de l’Enfant, remercient en même temps la Madone pour la protection céleste et, comme s’ils lui consacraient les résultats de ses travaux au nom du bien-être de la République.
Selon B. R. Wipper, le Tintoret n’est pas tant attiré par le corps que par le visage émotionnel, non sensuel, mais socio-éthique d’une personne. C’est cette parenté spirituelle qui unit des portraits si différents du maître. Il est intéressant de noter que le portrait ici n’est pas seulement des images de donateurs et de secrétaires avec des sacs d’argent, mais aussi des saints – Sebastian, Mark, Theodore. Les robes noires des héros soulignent la noble beauté de la toile – un exemple élevé du colorisme vénitien avec son pouvoir décoratif et expressif.