Bonnard peut être classé en toute sécurité parmi les meilleurs peintres paysagistes du XXe siècle. Dès son plus jeune âge, il a subtilement ressenti la nature, estimant qu’elle était “le meilleur remède contre l’agitation urbaine”.
Un rêve beau mais inaccessible d’une fusion harmonieuse de l’homme avec la nature a été incarné dans plusieurs des premières œuvres de l’artiste. Ainsi, dans le tableau “Terrasse”, 1918, il écrit un couple marié, “dissous” dans les fleurs luxuriantes du jardin. Ce travail est difficile à considérer paysage au sens strict du terme.
En plus de la nature elle-même et des gens, il y a certaines parties de l’intérieur de la maison. Mais ces détails ne distraient pas le spectateur de la beauté du monde. Les couronnes d’arbres, les nuages, les champs éloignés sont peints avec de “fausses” couleurs, mais pour une raison quelconque, tout semble beaucoup plus réel que la photographie couleur la plus précise. Les paysages tardifs de Bonnard, peints par lui depuis la fenêtre de son atelier, émerveillent par une débauche de couleurs vives et d’amour de la vie. Arbres, soleil, air ont fait irruption dans la fenêtre de l’artiste.
Le spectateur sent que cette fête de la nature est à l’étroit sur toile. Regardez le feu de joie du mimosa dans la fenêtre du tableau “Atelier de l’artiste et du mimosa”, 1939-1946. “Je ne suis pas devenu peintre paysagiste parce que je peins des paysages, en fait je ne le fais pas souvent”, a écrit Bonnard à Matisse. “C’est juste que la nature m’aide à me débarrasser de tout ce qui m’empoisonne.” Les paysages de Bonnard guérissent vraiment l’âme.