Table et chaises – Andre Derain

Table et chaises   Andre Derain

Au début du XXe siècle, André Derain était l’un des jeunes peintres français les plus prometteurs. Impressionnant et impulsif, Derain a facilement succombé aux influences, mais grâce à son grand talent, il les a retravaillées à sa manière. En 1905-1906, il jouxte les Fauvistes et, parmi eux, est l’un des plus “sauvages” d’entre eux.

Les peintures de Derain de cette période, ainsi que les œuvres de Matisse, sont les meilleures de ce que la peinture du fauvisme a créé. Mais déjà en 1907, l’artiste, qui s’est familiarisé avec les recherches cubistes de Picasso, commence à travailler d’une manière proche du cubisme. Derain n’est pas devenu un cubiste cohérent, mais a créé une interprétation particulière de cette direction.

Dans la nature morte “Table et chaises”, les caractéristiques de l’influence du cubisme sont facilement reconnaissables. Derain met l’accent sur la construction des choses; vouloir révéler le volume des objets, rehausser la sensation d’espace, dépeindre toute la nature morte d’en haut. La composition de la peinture est basée sur le motif répétitif du cercle: une table ronde, sur laquelle sont des cercles de vases et de verres visibles d’en haut, des fruits sphériques dans un vase. Il est intéressant de noter que Derain ne maintient pas systématiquement un point de vue unifié: il dépeint la boîte à pain sur la table non pas d’en haut, mais de côté.

Derain suit également les cubistes, qui pensaient que la multiplicité des aspects donne au spectateur une image plus complète du sujet. La peinture est conçue dans une dure couleur brun-gris-vert, également caractéristique des cubistes. Le talent coloriste subtil de Deren se manifeste dans la façon dont le peintre diversifie la couleur brune, en la liant aux tons voisins: le rideau a une teinte rougeâtre, la cruche est jaune, le dossier des chaises est gris brunâtre. Cependant, à l’aide de quelques astuces de cubisme, Derain s’arrête à mi-chemin.

La déformation des objets ne conduit pas toujours à l’identification de leur base constructive. Derain, dans sa nature morte, cherche une couverture plus “réelle” que Picasso, ce qui introduit une certaine discorde stylistique dans l’image. Et, enfin, Derain ne peut refuser d’admirer les détails individuels: il écrit soigneusement le tissage d’une corbeille à pain, passe le motif sur une nappe verte. De telles caractéristiques, appropriées dans les premières peintures de Derain, l’ont ensuite conduit à un naturalisme froid et faux.

Le tableau est entré à l’Hermitage en 1948 depuis le Musée d’État du Nouvel art occidental de Moscou.

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