Toile lumineuse dans l’esprit du réalisme démocratique. L’intrigue est basée sur un événement historique – la campagne anti-française des troupes russes dans les Alpes suisses. Le commandant a choisi cette voie la plus courte, dans le but de pénétrer le plus rapidement possible en Suisse pour rejoindre les troupes russes et transférer ensemble les hostilités sur le territoire français.
Un événement sans précédent dans l’histoire des hostilités – une randonnée dans les montagnes en conditions hivernales – est resté sans signification: la campagne a échoué en raison de la faute des Autrichiens qui ont promis de fournir une assistance militaire. La guerre de la deuxième coalition anti-française avec Napoléon a été perdue et s’est terminée avec la paix d’Amiens entre la Grande-Bretagne et la France. L’empereur Paul Ier accorda à Suvorov non seulement le grade de généralissime, mais aussi le titre de prince d’Italie.
La composition de l’image est très dynamique. Il est construit sur le principe du déplacement de haut en bas. Le regard du spectateur glisse après que les soldats descendent des montagnes. À gauche sur le cheval se trouve Suvorov lui-même, avec un visage inspiré et un sourire, pointant sa main vers la route. Sa figure est miniature, pas majestueuse, et se confond plus probablement avec la masse des soldats qu’il n’en ressort: il est également dans un simple manteau de marche et avec un chapeau armé, comme ses guerriers.
Les soldats, remplis d’enthousiasme en regardant Suvorov, sourient en retour et s’éloignent sans peur le long de la pente raide enneigée de la montagne. Les “héros miracles” russes sont représentés en uniforme, avec des armes décentes – baïonnettes, fusils, poignards. Le psychologisme subtil consiste dans le transfert de certains détails essentiels, tels que la pâleur des visages et des yeux effrayés, regardant dans l’abîme en face, ou une main pressée contre le front, commençant le signe de la croix.
Le talent de Surikov, peintre paysagiste, s’est manifesté par l’image d’une surface montagneuse enneigée au premier plan et d’une pente de montagne escarpée avec des nuages en arrière-plan. La neige alpine d’un blanc éclatant contraste non seulement avec la masse humaine totale, mais aussi avec des falaises bleuâtres obscurcissant le ciel. La nature des Alpes suisses ne se révèle pas dans toute sa beauté spectaculaire; elle est plutôt dure et hostile aux invités non invités.
La peinture a été peinte sur le 100e anniversaire de l’exploit de Suvorov, montré à la société dans le même 1899 lors de la 27e exposition des Wanderers, mais n’a pas causé beaucoup de résonance. Il a été acquis par l’empereur Nicolas II. Il est maintenant exposé au Musée d’État russe.