Deux voyageurs errent au crépuscule parmi les pins à feuilles persistantes. Leurs chiffres sont si petits qu’on ne peut même pas comprendre s’il s’agit d’hommes ou de femmes, de vieillards ou de jeunes hommes. Comme toujours dans de tels cas avec Frédéric, on peut faire l’hypothèse que ce sont “généralement des gens”, marchant sur le chemin de la vie. Le crépuscule s’épaissit, le vert des arbres semble presque noir. Mais devant, entre les troncs de pins, un spectateur attentif verra une lumière tamisée mais chaleureuse. Il promet aux vagabonds que la fin de leur voyage est proche.
Compréhension du symbole V. Zhukovsky, ayant rencontré Frédéric en 1821, a écrit à son sujet: “Il ne regarde pas la nature comme un artiste qui n’y cherche qu’un échantillon de pinceau, mais comme une personne qui voit dans la nature le symbole incessant de la vie humaine” . Solitude et contemplation intense – tel est le credo créatif de Frédéric.
Étonnamment, il en est ainsi – l’artiste n’a jamais montré un intérêt particulier pour les toiles des maîtres anciens, ni pour les œuvres de contemporains. Cette “ignorance” était-elle consciente? Ou Frédéric a-t-il suivi sa propre voie, obéissant uniquement à l’instinct artistique? Consciemment ou inconsciemment – mais il semblait tout le temps éloigner les médiateurs de lui-même, qui pouvaient se tenir entre lui et la nature, le lui bloquant.
La manière étrangère d’écrire, la vision étrangère du monde de Dieu – tout cela ne faisait que le troubler. Et en cela Frédéric était un parfait protestant. Lui-même souhaitait, sans se fier à l’interprétation de personne, lire l’Évangile inscrit sur la face de la Terre.