Déjà dans ses premières œuvres, Poussin a souvent utilisé le paysage comme élément de fond, mais ce n’est que dans les années 1640 que le paysage a commencé à dominer ses œuvres. Dans “Paysage avec un arbre frappé par la foudre”, 1651, l’artiste dépeint au premier plan des personnes fuyant un orage qui approche. Ils ont l’air très minuscules sur fond de falaises et de murs de la ville. La nature supprime ici l’homme, il est insignifiant devant la puissance des éléments déchaînés. Des personnes petites et insignifiantes sont dans l’œuvre “Paysage avec un homme mort d’une morsure de serpent”.
La tragédie personnelle de l’homme se perd dans un paysage idyllique. La nature ne remarque pas la mort. Le soleil illumine toujours la route et les couronnes des arbres, la surface du réservoir est toujours calme et sereine. Les paysages de Poussin sont loin d’être toujours peints d’après nature. Mais, néanmoins, l’artiste est souvent allé à des croquis à grande échelle – parfois avec son ami Claude Lorren, un maître inégalé du paysage “classique”. En ce qui concerne le concept et l’harmonie formelle, les travaux de Poussin et Lorrain sont similaires. Mais leur exécution est remarquablement différente.
Le style de paysage de Poussin est plus dur et plus fort. Alors que Lorren recherche un nouvel éclairage ou un moyen de transmettre certains phénomènes atmosphériques, Poussin vise la précision géométrique. Mais, malgré les différences, les deux maîtres sont à l’origine du paysage classique européen, que les peintres imiteront pendant deux siècles.