Les natures mortes aux fleurs sont un département spécial du genre “nature morte”. Ils sont moins que toute autre nature morte, doit être vrai. Même les vieux maîtres hollandais se sont permis de récolter en une seule nature morte des fleurs poussant dans différents coins du monde et s’épanouissant à différents moments. Et ils ont tous été dépeints par les peintres comme frais et en pleine floraison. À propos de la même chose que Redon a fait. Ses compositions florales sont des fantasmes de fleurs. Il faut supposer que l’artiste a consciemment suivi la tradition néerlandaise.
Le Musée des Beaux-Arts de son Bordeaux natal possédait une très bonne collection de peinture hollandaise, qui comprenait notamment des natures mortes florales. Il ne fait aucun doute que, dans sa jeunesse, Redon visitait souvent ce musée, mais à cette époque, il s’intéressait encore peu aux natures mortes. Il ne s’en souvenait que quelques décennies plus tard. Et il a créé toute une série de jolis bouquets, aussi crédibles qu’incroyables.
Dans l’œuvre “Fleurs sauvages dans un grand vase”, il y a des fleurs très réelles, donc de ce point de vue la nature morte ne contredit pas la réalité. Cependant, dans l’intérêt de la composition, Redon idéalise tellement la couleur et la forme des plantes qu’elles deviennent plus des papillons fantastiques que des fleurs de terre.
Le capitaine attachait également une importance particulière au choix d’un vase pour les fleurs. Dans ce cas, le vase apparaît comme une continuation du bouquet. Les tons bleus à sa base font écho aux couleurs bleues, et sa forme, lisse et fluide, “arrondit” toute la nature morte, lui donnant intégrité et stabilité.