La figure du contemplateur est un motif fréquent des paysages de Frédéric. En règle générale, il tourne le dos au spectateur: l’artiste ne s’intéresse pas aux traits individuels des personnages, mais à leur enthousiasme général pour l’immensité du monde. L’espace du tableau “Femme à la fenêtre” est une cage ennuyeuse d’une pièce vide, l’impulsion romantique s’exprime ici précisément dans la figure de l’héroïne qui regarde par la fenêtre. Le rêveur sans nom dans la peinture de Frédéric est une sorte de double du spectateur, à qui l’artiste propose de prendre mentalement sa place. Telles sont les figures au premier plan du tableau “Roches du Crétacé sur l’île de Rugen”.
Les trois personnages se sont figés avec plaisir devant une distance bleue, qui s’est ouverte à eux dans un double cadre de végétation côtière vert-jaune et de lignes fantaisiquement brisées de falaises de craie. Un des voyageurs allongé au bord de la falaise, dans la pose d’une prière – il regarde dans l’abîme. La profondeur de l’espace est accentuée par la transition rapide de la peinture de premier plan approfondie et claire aux vagues lointaines véhiculées par des coups de pinceau juteux et clairsemés. Les couleurs de la mer s’estompent progressivement et se confond avec le ciel. Dans cet abîme cosmique, deux voiles blanchissent – s’éloignant et s’approchant – comme signe que l’élément est encore apprivoisé par l’homme.