Au XIXe siècle, les canaux du nord de la France fonctionnaient à pleine charge, mais le Canal Luis, écrit par Sisley, est totalement dépourvu du signe d’une vie bruyante. À première vue, nous voyons un coin idyllique dans lequel, il semble, il n’y a que de la verdure et un ciel de printemps pâle. Ce n’est qu’en y regardant de plus près que l’on découvre une barge flottant à gauche et des ouvriers sur le rivage. C’est l’une des œuvres ultérieures les plus simples et les plus subtiles de Sisley.
La flexion puissante du canal est accentuée par des troncs d’arbres situés à égale distance les uns des autres. La couleur de l’image est étouffée, des tons bleu pâle, vert pâle, jaunâtre et violet y prévalent. Le coup de pinceau de l’artiste semble retenu, comme si l’auteur cherchait à souligner la fragilité de la nature, qui retenait son souffle en prévision du printemps.
La composition est complétée par la silhouette d’un bâtiment solitaire sur la gauche, plusieurs taches sombres indiquant les toits lointains, des figures humaines et un buisson poussant au premier plan. D’une manière caractéristique de tout son travail, Spels combine l’eau et le ciel, les bâtiments et le paysage, l’homme et la nature en un tout harmonieux.