Toute l’histoire de l’impressionnisme français – de sa création à son apogée et à son extinction progressive – s’inscrit dans une longue biographie créative de Claude Monet. La dévotion chevaleresque à cette direction artistique, la fidélité à la perception impressionniste du monde rendent l’artiste spécial même parmi ses frères. L’une des meilleures œuvres impressionnistes de Claude Monet est le célèbre boulevard des Capucins à Paris, écrit par lui en 1873.
L’artiste peint deux célèbres vues parisiennes depuis les fenêtres de l’atelier du photographe Nadar, situé boulevard des Capucins. De nouveau, C. Monet sélectionne un point de vue élevé: d’en haut, depuis la fenêtre, le spectateur voit la perspective du boulevard quittant la diagonale, vers l’Opéra de Paris, un flot d’équipages et une foule bigarrée dans un scintillement indiscernable des visages.
Les figures des passants sont à peine dessinées en traits blancs, les façades des maisons de l’autre côté du boulevard sont à moitié cachées par les branches des platanes. Dans cette œuvre, Claude Monet transmet une impression instantanée, purement spectatrice, de l’air vibrant à peine perceptible, de personnes allant dans les profondeurs de la rue et quittant des équipages. Il détruit l’idée du plan de la toile, créant l’illusion de l’espace et le remplissant de lumière, d’air et de mouvement. L’œil humain se précipite à l’infini, et il n’y a pas de point limite où il pourrait s’arrêter. Un point de vue élevé permet à l’artiste d’abandonner le premier plan, et il transmet un rayonnement solaire contrastant avec l’ombre bleuâtre-violette des maisons gisant sur le trottoir de la rue.
Dans la version de Moscou, la lumière divise la composition le long de la diagonale, contraste une partie du boulevard, baignée de soleil et l’autre à l’ombre. Claude Monet donne au côté ensoleillé une orange, une chaleur dorée, une ombre – violette, mais une seule brume légère donne à l’ensemble du paysage une harmonie tonale, et les contours des maisons et des arbres se dessinent dans l’air transpercé par les rayons du soleil. L’éclairage latéral coulissant “dématérialise” l’architecture et lui confère une immatérialité. Les détails architecturaux des maisons se noient dans une brume colorée, les contours des voitures fondent, les branches des arbres se dissolvent et la profondeur de l’espace se perd dans le mouvement de l’air incandescent. Tout cela remplit l’image de telle sorte que l’œil du spectateur perd la ligne entre le plan vertical des murs des maisons et le trottoir horizontal; entre les murs éclairés des bâtiments et le crépuscule bleu lointain qui cache la suite de la rue. Tracées par des coups rapides, les figures de passants se fondent désormais dans le flux général de la foule.
La toile de Kansas City a un format complètement différent et une humeur différente. Le spectateur voit le même “boulevard des Capucins à Paris”, le même paysage, mais déjà un jour sombre, lorsqu’une lumière blanchâtre et nuageuse se reflète sur la chaussée mouillée. Dans le fond, les taches fanées, bleu laiteux, noir, rose, vert foncé sont plus nettes. Le critique d’art K. G. Bohemskaya note: “Quand ils disent que les impressionnistes ont pu saisir l’instant du mouvement ininterrompu de la vie, alors le tableau” Boulevard des Capucins à Paris “peut être appelé confirmation de cela.
Dans d’autres œuvres de Claude Monet, malgré leur élan immédiat, il y a beaucoup moins de désir d’arracher un “cadre” qu’on ne le ressent en contemplant cette toile. Cependant, c’est ce tableau présenté à la première exposition des impressionnistes qui est devenu l’un de ceux qui ont provoqué le plus de ridicule et d’attaques du public. Claude Monet lui-même disait en 1880: “Je suis un impressionniste et j’ai l’intention de le rester toujours.” Il pourrait répéter les mêmes mots au coucher du soleil de sa vie.