Cette œuvre complète le parcours créatif d’Ingres. Il y est revenu sur l’un de ses sujets préférés. Le nu a déjà été glorifié par l’artiste. Le tableau, tourné avec nostalgie vers le passé, devient pour ainsi dire la “somme” de ses anciennes œuvres célèbres. Par exemple, une femme avec une mandoline assise au premier plan ressemble au “baigneur de Valpinson” et la figure dansante à gauche ressemble à Angélique du tableau “Roger et Angélique”.
Tout porte ici l’empreinte du luxe, dans lequel le Second Empire est reconnu comme dans un miroir. On sent cette époque dans les sons de la mandoline et du tambourin, dans l’arôme du café, du parfum et de l’encens, dans l’éclat de la peau lisse. L’Ingres compacte artificiellement l’espace de l’image, rapprochant la perspective du spectateur et lui permettant de mieux voir la galerie d’ouverture de corps féminins nus.
Au début, le bain turc était carré. Mais sous cette forme, la princesse Clotilde, l’épouse du premier propriétaire de la toile, le prince Napoléon, ne l’aimait pas. Clotilde a rendu l’œuvre à Ingres, puis il l’a “arrondie”, coupant sans pitié la figure du baigneur, qui est montrée au premier plan à droite.