Cette image peut à juste titre être appelée un portrait de groupe. Contrairement au Bal du Moulin de la Galette, l’échelle des personnages est ici agrandie, toutes sont portrait et reconnaissables et constituent le contenu principal de l’image.
Le paysage qui entoure la terrasse où se réunissaient des amis, la verdure autour, la Seine visible à travers elle avec des voiliers et des bateaux en marche composent l’atmosphère du tableau, son fond joyeux. Il regroupe tous les participants à la réunion, réunis autour de tables dressées par vin et fruits au restaurant du Furnes à Chatou. Lui-même se tient ici, penchant son dos et ses mains sur la balustrade de la terrasse, un homme fort et confiant, vêtu d’une chemise sans manches, les bras forts nus. Devant lui, une charmante fille est assise à une table, assise un petit chien moelleux devant elle sur la table et s’amusant à jouer avec elle.
Renoir a présenté le public à Alina Sherigo, qui avait alors un peu plus de vingt ans et avec qui il allait enfin relier sa vie en 1881, bien que l’enregistrement officiel de leur mariage n’ait lieu qu’en 1890. Dans le tableau “Petit déjeuner des rameurs”, Alina Sherigo à un âge florissant, pas encore complètement liée à Renoir, le ravit de sa jeunesse et de sa négligence. En face d’elle, sur une chaise, face à Alina se trouvait Caillebotte, ingénieur, collectionneur, artiste amateur, rameur passionné. Il a beaucoup aidé les impressionnistes, a rassemblé une collection de leurs œuvres et l’a léguée au Louvre. Il a demandé à Renoir de réaliser sa volonté.
À côté de Caillebotte Renoir a écrit le journaliste italien Maggiolo. Et derrière eux, le baron Barbier, debout et assis, qui est récemment revenu d’Indochine, selon Jean Renoir, qui a pris la peine de monter des modèles pour cette peinture, Efrussi, Lot, Lestrenge, Jeanne Samari, la mannequin modèle Angela, qui était sur le point de se marier à cette époque, et les enfants du propriétaire Restaurant Alfonsina et Alfons Furnes. Particulièrement charmante est la jeune Alfonsina Furnes, coiffée d’un chapeau de paille jaune, peinte sur des verts vifs.
Devant nous, en substance, se trouve un grand portrait de groupe qui diffère de ceux qui lui sont similaires dans le thème et l’intrigue par l’absence de tout type de défilé et de pompe, le désir d’embellir ou d’exalter en quelque sorte le portrait. Tous sont présentés dans des poses naturelles, comme au hasard, à l’aise, sans aucune envie de plaire au public. Contrairement au Bal des Moulins de la Galette, tous les personnages sont des portraits, reconnaissables, écrits clairement, sculpturaux, tangibles.
L’image a beaucoup de tons clairs, blancs et jaunes qui, avec les couleurs bleues, violettes et foncées, créent une couleur commune. Renoir n’essaie pas de transmettre les effets instables de la lumière du soleil, comme il l’a fait il y a plusieurs années, en suivant plus strictement le transfert de la scène elle-même – la terrasse est couverte par un auvent rayé dense. Cependant, cela ne nous empêche pas de ressentir dans le débordement de couleurs, pour ainsi dire, la fluctuation de l’air pénétrant le paysage fluvial. Cette photo a marqué un tournant dans l’œuvre de Renoir.
A cette époque, en 1880-1881, il était plein de vie, effectuant ses premiers voyages lointains en Algérie et en Italie, résumant certaines de ses activités créatives et déjà en Italie il était déçu de quelque chose, mais il voulait changer activement quelque chose dans son art. Vient une période de nouvelles recherches, de nouveaux doutes, d’une nouvelle manière picturale. “Rowing Breakfast” s’est avéré être au centre de son parcours créatif et de vie.