Martyre de Saint-Sébastien – Antonio del Pollayolo

Martyre de Saint Sébastien   Antonio del Pollayolo

L’artiste italien Antonio del Pollayolo a acquis une renommée mondiale non seulement dans ses peintures, mais aussi dans les créations sculpturales, de bijoux et de gravure. Probablement, le travail dans divers domaines de l’art, nécessitant une présentation claire de l’espace et du plan, explique l’intérêt particulier de l’artiste pour l’anatomie humaine, la perspective et le paysage.

Pollaiolo est un représentant de l’école florentine, ce qui signifie qu’il connaissait bien les réalisations de ses prédécesseurs. Le clair-obscur, une perspective spatiale, a été maîtrisé par lui au cours de ses études. Il semblait que rien ne pouvait empêcher l’artiste de créer sur la toile une réalité illusoire dans les traditions des meilleurs maîtres italiens; cependant, en réalité, c’était beaucoup plus compliqué.

À une époque où des artistes du reste du monde maîtrisaient les découvertes de l’école florentine, l’angoisse commença à croître dans les rangs des maîtres italiens eux-mêmes. La joie des victoires remportées par eux est passée, et il est soudain devenu clair pour les artistes que l’art ne peut se développer sans perte. Les maîtres médiévaux ne possédaient pas la technique de création de volume sur un plan, mais cela les a aidés à construire des compositions claires de leurs œuvres. Ils pouvaient arranger complètement au hasard les figures des personnages, réalisant une parfaite harmonie de l’ensemble. Les Florentins, d’autre part, ont essayé de transmettre la réalité, ce qui signifie que résoudre les problèmes de composition n’était plus aussi simple. En réalité, les corps ne s’additionnent pas à un seul ensemble, ne prennent pas de place de manière à donner l’impression de complétude des lignes.

Les artistes florentins ont adopté une grande puissance, mais son acquisition les a menacés de perdre une autre réalisation importante – l’unité de forme. Surmonter cette contradiction est devenu la tâche principale du nouvel art de Florence.

Ce même problème devait être résolu par Pollayolo. L’unité de forme était l’une des conditions les plus importantes pour créer des images d’autel et des fresques dans les temples, où l’image devait s’intégrer dans l’aspect architectural global. Le non-respect de ce principe a entraîné la destruction de l’ensemble artistique. En 1475, Pollaiolo a commencé à travailler sur l’image de l’autel, dont l’intrigue était basée sur la légende de l’exécution de Saint-Sébastien.

La tentative de l’artiste dans le processus de combiner son propre instinct intuitif avec des méthodes plus rationnelles n’a pas été entièrement couronnée de succès. La peinture qu’il a créée peut difficilement être qualifiée d’attirante, mais elle montre le fonctionnement rationnel des artistes florentins. La composition de la scène est strictement symétrique. En son centre se trouve un pilier auquel est attaché un martyr. Six bourreaux entourent Sébastien afin que les corps humains prennent la forme régulière d’une pyramide à angle aigu. Pour chaque figure de droite, une paire figure à gauche.

La symétrie axiale est également observée par le peintre dans l’aménagement paysager. Elle est si stricte qu’elle est prête à entrer dans un schématisme sévère. Cet artiste ne voulait pas le faire, alors il commence à varier les poses des gens. Ainsi, deux archers au premier plan leur sont montrés à partir de positions différentes. Celui de gauche sur l’image est tourné dos au spectateur, son “analogique” droit est face à nous. Le peintre adhère au même principe lorsqu’il dépeint des archers tireurs. Mais maintenant, le bourreau à droite est montré de dos, et la figure appariée à lui à gauche est représentée face au spectateur.

Le jeu pose entre dans une démonstration d’exercices de composition, ce qui ne permet pas non plus de classer l’image comme l’un des grands succès du maître. Emporté par l’expérience de la composition et se livrant à une représentation détaillée de l’anatomie du corps humain, l’artiste est distrait du thème central, qui ne peut qu’affecter l’impression d’ensemble faite par la peinture. Pas lié au drame de l’événement et aux belles vues de la lointaine toscane. Ils sont construits selon toutes les règles de la perspective, cependant, avec la colline sur laquelle la torture de Sébastien a lieu, ils sont reliés purement mécaniquement.

Cependant, malgré toutes les conventions, l’image présente un grand intérêt pour le chercheur. L’expressivité de l’événement est combinée avec une tentative de rationaliser la connaissance du monde réel; de plus, le culte d’une ligne claire et précise, la forme plastique s’affirme. Cette image permet de comprendre les tâches sur lesquelles les artistes ont travaillé pendant la période frontalière. Une génération plus tard, ces problèmes trouveront leur solution, puis l’art italien atteindra son apogée dans son développement, mais Pollayolo a fait le premier pas sur cette voie difficile.

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