Dans presque tous ses travaux sur l’amour et les plaisirs sensuels, Bush minimise le récit en permettant au spectateur de simplement profiter de la nudité rose des nymphes et des visages en porcelaine des bergers. Mais l’image “Mars et Vénus, prises par le volcan” doit être considérée comme une exception à cette règle.
Il illustre tout un mythe. Comme le rappelle le lecteur, Vénus était l’épouse de Vulcain, un boiteux, mais en même temps très habile en dieu forgeron. La déesse de l’amour, cependant, s’intéressait beaucoup moins à ces capacités exceptionnelles du conjoint qu’à la courageuse beauté de Mars, le dieu de la guerre. Et un jour, elle est devenue sa maîtresse. Un Vulcain agacé et offensé a forgé le réseau le plus mince, mais le plus solide, dans lequel les amoureux malchanceux sont tombés. Pour sa photo, Boucher choisit le moment le plus dramatique de cette histoire.
Le volcan jette son filet magique sur les amoureux. Vénus, ne soupçonnant toujours rien, sommeille doucement dans les bras du dieu de la guerre. Et lui, à peine réveillé, regarde avec horreur le formidable mari de Vénus. Le désespoir est écrit sur la face de Mars – après tout, il n’est pas armé et ne peut donc pas repousser les jaloux. L’artiste a représenté son bouclier, son casque et sa lance au premier plan de l’image – pour que le spectateur comprenne qu’il ne pourrait pas atteindre son “équipement”, même s’il le voulait vraiment. Les enfants effrayés tentent soit de dissimuler leurs amants, soit de se cacher du volcan, et l’encensoir, placé aux pieds du lit, continue de dégager un arôme doux, sensuel et – à la lumière d’une nouvelle tournure des événements – inapproprié.