Les années 1890 ont été la période la plus féconde de l’œuvre de Kassat. À ce moment, elle se tourne à nouveau vers le calendrier. Au printemps 1891, la première exposition personnelle de l’artiste a lieu à la Duran Ruel Gallery. L’accent était mis sur une série de 10 gravures réalisées à l’imitation des maîtres japonais Utamaro et Hiroshige. Comme la plupart des Européens de l’époque, l’artiste admirait l’art oriental.
La pièce la plus réussie de la série était Letter. Les critiques ont fait l’éloge de cette photo. Même Camille Pissarro, dont il était extrêmement rare d’entendre des éloges, n’a pas trouvé un seul défaut dans le travail de Mary, notant l’étonnante coloration des peintures de l’artiste.
Kassat nous montre une scène intime de la vie quotidienne au foyer. La photo montre une jeune femme assise à une table. De toute évidence, elle vient de terminer d’écrire une lettre et scelle l’enveloppe. Rien ne distrait du personnage principal, tous les éléments décoratifs sont réduits uniquement au motif de la robe et du papier peint. Le spectateur devient comme un témoin accidentel de ce qui se passe.
L’œuvre se distingue par la pureté de la ligne et l’originalité de la palette de couleurs. L’artiste a réussi à réaliser beaucoup de choses avec un minimum de moyens. Les mêmes moments éphémères capturés sur les toiles pittoresques de son travail deviennent encore plus banals et prosaïques. Néanmoins, l’héroïne à sa manière est intéressante, belle et pleine d’un sentiment de dignité intérieure.
La gravure attire l’attention par son laconicisme compositionnel, sa subtilité et sa discrétion des transitions de couleurs utilisées. Interprété de la manière lyrique et calme inhérente de l’artiste, il est plein de sincérité, de chaleur humaine simple et d’une sorte de tristesse légère lancinante.