Grande cette œuvre n’est pas la taille de la toile, mais surtout la monumentalité du design. La toile représente un affrontement mortel de deux éléments, personnifiant la lutte éternelle du Bien et du Mal. Le temps de l’action est le début des années 20. Un gang international s’introduit dans l’église orthodoxe, qui rassemblait des représentants de toutes les classes de la Russie pré-révolutionnaire. Au centre de la composition se trouve un commissaire dans une veste en cuir avec un Mauser, tenant un chien avec une croix de Saint-Georges au cou en laisse. Son regard détestant à travers le pince-nez est dirigé vers la crucifixion du Christ sur le côté droit de l’image.
Dans toute la cruauté de son apparence, on lit l’anticipation de l’atteinte de l’objectif tant attendu, exprimé une fois dans le cliché de l’oracle du franc-maçon: “A bas les crucifiés! Toi qui tiens le monde sous ton joug depuis dix-huit siècles! Ton royaume est fini! Dieu n’est pas nécessaire!”
Il semble que toute la populace universelle se soit ralliée derrière lui. Marin avec un fusil et une mitrailleuse, une arme d’exécutions massives; un personnage sortant un cochon avec une croix d’église d’un sac; une prostituée en pardessus de général drapée sur un corps nu; une femme en hermine obtenue lors de la mise en œuvre de la devise “Rob le butin!”; “famille révolutionnaire” dans des couronnes de mariage sur lesquelles sont accrochés des pentagrammes… On sait que pendant la “grande révolution française” la prostituée nue occupait l’autel du temple… On sait aussi que la force de choc de la révolution est devenue des mercenaires – chinois, lettons et autres, se distingue par une impitoyabilité particulière dans les représailles contre la population indigène. Et ici, nous voyons une femme chinoise en casquette d’officier.
La masse noire assoiffée de sang, soutenue par des chevaux qui pénètrent dans le temple, tombe sur ceux qui sont venus pour glorifier la résurrection du Sauveur, la fête orthodoxe la plus brillante. “Sortez”, étend le ministre de l’Église du Christ dans un geste de la main en colère. Les gens qui l’entourent sont cette Russie, qui a pris sur elle le coup le plus dévastateur du pouvoir satanique. Il vaut la peine de regarder dans le visage de ces gens pour ressentir ce que la Russie a été crucifiée avec son clergé et ses saints imbéciles de Christ pour le bien de la noblesse, de l’armée et des marchands, de simples laboureurs, avec tous ceux qui personnifiaient la construction de l’État sur la base de l’orthodoxie, de l’autocratie et de la nationalité.
Combien étonnants dans leur expressivité sont les visages des femmes portant le sceau de la tragédie de l’accomplissement de la moquerie! Comment chaque image est individuelle et à la fois reconnaissable à première vue ou provoquant certaines associations avec des images connues.
La reconnaissance du temps et de ses images caractéristiques s’explique par la pénétration la plus profonde de l’artiste dans le tissu historique de l’époque. L’atmosphère d’action et les images de la peinture sont recréées à partir de la rare richesse de matériaux historiques et artistiques qu’il a collectés tout au long de sa vie. Parmi eux figurent de rares publications nationales et étrangères, comme l’album en trois volumes de portraits de l’aristocratie russe, paru en Espagne en 1987; collections ancestrales miraculeusement préservées; propres croquis de la nature réalisés pendant les années étudiantes; des images de vraies personnes qui ont survécu aux temps difficiles révolutionnaires et aux “grandes fractures” qui ont suivi. Naturellement, des motifs biographiques se sont également reflétés dans l’image. Ceux qui connaissent la confession de livres de I. Glazunov “Russie crucifiée”, dans un officier avec une bougie et une femme debout à côté de lui, peuvent reconnaître les parents de l’artiste,
L’action tragique qui se déroule dans le temple se déroule sur fond d’histoires évangéliques représentées sur les murs du temple souillé.
Le terrestre dans l’image fait écho au céleste, et cet appel vous permet de réfléchir plus profondément à ce qui se passe, de relier le passé à nos jours et de penser à l’avenir.