Malgré la méfiance de la nature féminine, même sur le versant de sa vie, Moreau continue d’écrire la nudité féminine dans la tradition d’Ingres, apprise par l’artiste à travers les œuvres de Chasserio. Mais à la manière de Moreau, on ne retrouve ni l’impartialité froide d’Ingres, ni la sensualité brûlante de Chasserio.
Les figures féminines nues de Moro sont gracieuses, mais semblent éloignées du spectateur. Par exemple, l’héroïne du tableau “Fée des Griffons”, env. 1885 repousse plutôt qu’attire. Il ne faut donc pas s’étonner que le nu le plus célèbre de l’histoire de la peinture – la danse nue de Salomé – soit recouvert par les bijoux de Moreau, cachant presque complètement son corps. La nudité de Moro n’a rien à voir, par exemple, avec les charmes féminins passion frais, vifs et tendres des toiles de Renoir.
Moreau poursuit la galerie d’images féminines caractéristiques de la première peinture européenne. Un grand tableau de l’artiste, “Filles de Thésée” ressemble à la fois à “Tepidarium” Chasserio et à “Bains turcs” Ingres. Cette représentation encyclopédique impartiale d’un corps féminin est le cas lorsque Moreau n’a pas été en mesure de faire revivre l’ancienne tradition avec son “nouveau vin” et au lieu d’un chef-d’œuvre rempli de chaleur et d’énergie érotique, il a obtenu une exposition de musée desséchée.