Le deuxième nom de cette œuvre nous permet de préciser la date de sa création – c’est la première moitié des années 40. Rappelons que c’est exactement ainsi que Pollock a initialement appelé son “Pasifa”.
Cette image révèle deux fortes influences ressenties par Pollock à cette époque – le surréalisme et les idées de Kandinsky, qui avait rejeté les formes géométriques au début des années 40 et s’était mis à disperser des figures biomorphiques sur un fond bleu. Soit dit en passant, le terme “expressionnisme abstrait” dans les années 1920 a décidé de décrire le style des premières œuvres de Kandinsky, le fondateur de l’art abstrait.
Lorsque “l’action” devient art, Pollock, en tant que phénomène, a répondu au désir américain d’avoir son propre grand artiste. Les critiques en ont créé un mythe – un mythe à propos d’un maître original qui est né de la culture amérindienne d’origine, de son sol natal et n’ayant rien à voir avec l’art européen “choyé et languissant”. À propos du créateur de la “peinture américaine”, caractérisée par un courage, une énergie et une liberté sans limites, et qui correspond le mieux au caractère d’une jeune nation. Pendant ce temps, le synonyme de “peinture américaine” – “expressionnisme abstrait” – indique déjà la généalogie de Pollock.
En ce terme réside la philosophie de l’artiste. Un autre synonyme – “action painting” – caractérise avec précision sa “technologie”. En étroite interaction de ces vecteurs, l’art révolutionnaire de Pollock est né.