Le premier grand travail commandé de Cranach qui a surgi en 1506 pour l’église du palais de Wittenberg après sa relocalisation en 1505 à la résidence des électeurs de l’époque Wittenberg était l’autel de Sainte-Catherine, qui se distingue par une richesse décorative presque en treillis et une splendeur colorée.
L’autel de Catherine n’a pas été commandé par Cranach: en 1502 une université a été fondée dans laquelle Luther enseignait également, Catherine était considérée comme la patronne des scientifiques, selon la légende, elle a converti cinquante professeurs païens au christianisme qui cherchaient à la rejeter de cette foi. Plus tard, elle était censée être roulée, mais quand elle a entendu ses prières, le ciel a envoyé un incendie qui a détruit la roue, après quoi Catherine a été décapitée.
Parmi les spectateurs en chute libre représentés, des portraits de professeurs de l’Université de Vienne sont suggérés, et en haut à gauche est l’électeur Frédéric le Sage, et son frère Johann le Permanent est juste à côté de lui. Trois figures féminines de saints sont représentées sur les volets latéraux, Dorothea, Ines et Kunigund à gauche, et Barbara, Ursula et Margarita à droite. Les revers des ailes ont également été peints, ici ont été placées deux figures de saints féminins.
Dans la forteresse à l’arrière-plan de la planche du milieu, le château Hartenfels à Torgau est censé être, et dans la forteresse de l’aile droite se trouve la forteresse de Cobourg, à l’époque de Cranach, tous deux appartenaient à l’électeur saxon. Le changement de style survenu à cette époque dans l’œuvre de Cranach se ressent clairement. Ses peintures qui ont vu le jour à Vienne préfiguraient le style de l’école du Danube, qui a ensuite été représentée par Altdorfer et Huber; les œuvres de Cranach Wittenberg étaient plus schématiques, moins expressives.
“L’autel de Sainte Catherine” est encore proche des premières œuvres, leur revient avec ses moments individuels, comme un arbre sur l’aile gauche, mais il définit une transition stylistique vers une fine décoration linéaire. Dans le libellé de ce sujet, on note des traces de l’étude de Cranach sur l’une des gravures sur bois de Dürer, qui s’est produite vers 1497, ce qui indique non pas une dépendance, mais plutôt l’indépendance des réalisations de Cranach.