“Au piano” est la première grande image de Whistler, dont les travaux ont commencé à Londres en novembre 1858 et se sont achevés au printemps de l’année prochaine. Sur la photo, nous voyons la sœur de l’artiste Deborah et sa fille Anna. L’idée de créer la toile a été inspirée par les impressions d’enfance de Whistler sur la vie en Russie. Little Deborah était une pianiste douée et donnait souvent des concerts à Saint-Pétersbourg.
L’ambiance mélancolique de l’image est probablement due à ces souvenirs lyriques d’une enfance heureuse. Whistler avait l’intention de présenter le tableau au Salon en 1859, mais il a été appelé “trop original” et rejeté, mais l’artiste François Bonvin était d’un avis différent, alors il a exposé un tableau de Whistler dans son atelier parisien. Ayant vu cette œuvre, le remarquable maître du réalisme Gustave Courbet félicite l’Américain pour ses débuts réussis en peinture.
“Au piano” impressionne par une sélection exquise de nuances de couleurs complémentaires. Des couleurs gris-vert et gris-ocre complexes contrastent avec les taches locales: la noirceur de la robe de Deborah, la couleur blanche de la tenue de sa fille et la couleur rouge du canapé. Le tableau a été peint avec de larges traits de balayage, rappelant la manière de Courbet.
Whistler s’inspire de la composition fragmentaire, traditionnelle pour peindre l’Orient. La technique de la “troncature” des peintures suspendues en arrière-plan rend la construction de la toile tout à fait originale, contrairement aux compositions réalistes qui dans le même but – pour agrandir au maximum l’espace photo – n’utilisaient que la perspective et le jeu de la lumière. Dans le tableau “Au piano”, vous pouvez également remarquer l’influence de la peinture hollandaise de Whistler.
Le collectionneur, qui allait acheter cette toile, a expliqué qu’elle “serait magnifique à côté de Vermeer”. Degas avait cette image en tête quand il a rappelé le début de sa carrière: “Fontaine, Whistler et moi avons parcouru la même route – les Hollandais.”