Tapier de Seleiran – Henri de Toulouse-Lautrec

Tapier de Seleiran   Henri de Toulouse Lautrec

Le même été 1889, Lautrec passe plusieurs semaines à Malrom, où il rencontre son père et cousin Gabriel Tapier de Seleiran, qui entre à l’Université de Lille à la Faculté de médecine. Tapier a vingt ans. C’était un jeune homme mince et grand avec des épaules en pente, voûté, très bouton, avec des moustaches crépues à la mode autrichienne, avec des cheveux noirs brillants rappelés, séparés par une séparation droite à l’arrière de la tête et peignés aux tempes.

Tapier avait une passion particulière pour les bibelots précieux. Des anneaux massifs brillaient sur ses doigts fins et longs, une épaisse chaîne en or d’une montre de poche pendait sur son ventre, un col en or sur son nez maculé, il sortit un étui à cigarettes en argent volumineux avec un blason familial avec un geste imprudent et en prit des cigarettes. Une épingle avec une pierre a été percée dans sa cravate, et si quelqu’un était intéressé par cette pierre, Tapier, avec son pédantisme caractéristique, a expliqué tranquillement avec sa voix douce qu’il ne s’agissait pas de chrysoprase et pas d’agate, mais simplement d’un “morceau de coquille de mer de sept mètres”, et gentiment informé. à son interlocuteur son nom latin.

Lautrec asservit son cousin Gabriel. Il l’a forcé de façon tyrannique à combler tous ses caprices, ne lui a en aucun cas permis de prendre l’initiative. Dès que le “docteur” a tenté d’exprimer son opinion, Lautrec l’a immédiatement coupé: “Charlotte, ce n’est pas tes affaires. Bientôt, Tapier arrive à Paris pour poursuivre ses études de médecine. Maintenant, Lautrec est allé partout avec son cousin. Les jeunes se rencontraient tous les soirs. Ils ont fait un contraste saisissant, qui a sans aucun doute amusé Lautrec.

La silhouette élancée du “docteur” soulignait la petite stature de Lautrec, sa laideur, qu’il exhibait volontairement tout le temps, ou plutôt, renforcée par ses costumes insolites, ses grimaces, ses caricatures sans fin sur lui-même. Celui qui a vu ce couple une fois a vu comment un étudiant en médecine grand et courbé, baissant la tête, suivait tranquillement le nain, poussant sur sa poitrine, il n’oubliera jamais cette image touchante et triste. Tapier aimait beaucoup Lautrec et se sentait désolé pour lui, même s’il ne montrait pas sa vue. Avec une patience sans fin, il a tout pris à son cousin comme un gros chien qu’un enfant a tourmenté. Un jeune homme aimant la paix et gentil avec un caractère doux, il a tout pardonné à son cousin, s’est livré à tous ses caprices et a répondu à toutes ses demandes d’autant plus volontiers qu’il croyait en son talent et l’adorait sincèrement.

Lautrec, qui s’efforçait obstinément de vivre comme une personne en bonne santé, n’a jamais pensé que la raison de l’attitude condescendante des autres n’était pas son admiration pour son talent – bien qu’il l’ait déjà réalisé – mais la compassion qu’il suscitait chez les gens.

“Tout ce qu’il a réussi à accomplir, il l’a attribué à sa volonté.” Trait des enfants. Mais à Lautrec, en général, il y avait beaucoup d’enfants. À vingt-sept ans, il était de mauvaise humeur, impatient et colérique, quoique très vif d’esprit. S’ils n’étaient pas d’accord avec lui assez rapidement, il pourrait commencer à lui taper du pied. Il a essayé de faire du divertissement de tout. Et sa vie n’a-t-elle pas été le jeu tragique et mortel auquel il a joué? Comme tout enfant, il a souvent perdu son sens des proportions. Tapier était un bouc émissaire pour lui.

Il était interdit de parler de politique que Tapier aimait et détestait tant Lautrec. Il était interdit de participer à la discussion des questions artistiques: “Ne vous mêlez pas. Ce n’est pas votre affaire.” Il était interdit de dire bonjour aux gens que Lautrec ne favorisait pas, et même à la personne dont le visage ne l’attirait tout simplement pas. Lautrec a tiré son cousin chaque minute. “Pas de cadeau!” lui cria-t-il en insistant sur chaque syllabe. Tapier se tut, baissa la tête, mais ne se fâcha jamais. Il lui a même semblé qu’il aimait un tel attrait.

Et Lautrec ne pouvait imaginer la vie sans son “médecin”. Sa société est devenue indispensable pour Lautrec.

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